Un toit sous les pins

Tel un kayak et une rame naviguant sur l’eau, deux lignes croisées se hissent en front de rivière. Par son horizontalité, ce « toit sous les pins » vient révéler les reliefs tumultueux du paysage lointain. Le toit, qui marque ici le repère familier, l’abris, opère un signal visuel depuis le sentier, et invite les passants à s’arrêter et contempler.

Architecturalement, le toit marque l’étape ultime de la réalisation d’une demeure, couvrant ainsi les planchers et les murs, en offrant un bâti protégé des aléas extérieurs. Et pourtant, dans cette installation où l’ensemble est déconstruit, seul le toit demeure et fait demeure. Comme pour signifier une ouverture totale avec le paysage, l’intérieur et l’extérieure s’unissent et se destinent à la contemplation.

Pour autant, les jeux d’assemblage du bois résonnent avec les codes d’une architecture vernaculaire, locale, où l’évocation du toit se fait subtilement par l’utilisation des propriétés d’une tuile, sa pose et son maintien par son poids propre. Ici, les planches de bois sanglés ne sont ni vissées, ni cloué, et dessinent la pente d’un toit par le simple frottement et le poids propre du bois.

La sangle souligne les nervures boisées et évoque aussi bien l’outillage des scieries que l’équipement des grimpeurs de rocks.

La symbolique du bois est inséparable de celle des outils qui servent à abattre les arbres comme la hache et la scie (cf. miniature du bûcheron au travail vers 1485). Ainsi, le projet valorise la filière bois à travers l’utilisation de sangles ; sangles aujourd’hui utilisées dans la filière de manière récurrente et sur plusieurs étapes clées. D’abord les sangles peuvent servir d’aide et de guide pour orienter le sens de chute d’un arbre lors de l’abattage. Ensuite elles interviennent lors du transport des grume (tronc d’arbre non équarri) sur les remorques ou une fois les planches, poteaux stockées en scierie.

La grande majorité de l’installation est ainsi conçu par des assemblages n’impactant pas le matériau dans son état brut, et ceux dans le soucis d’un usage cyclique de la matière, avant et après son installation temporaire en ce lieu.

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