Bourg Saint Maurice – Les Arcs toujours plus Dynamique – Participative – Engagée – Inspirante
LE RéDUIT
Pierre MANOUKIAN - Léo GRIMONET
ENSA Montpellier
Le réduit : n.m (Architecture militaire) Ouvrage construit à l’intérieur d’un autre, où l’on peut se retrancher pour prolonger la résistance. La citadelle sert de réduit à une ville fortifiée; le donjon, à un château fort.
Prélude
L’architecture nourrit un rapport étroit avec le sol duquel elle prend naissance. Il est la première couche d’existant avec laquelle nous rentrons en interaction dans un dialogue qui dépasse le simple rapport physique.
Sous nos pieds, se trouvait une place d’armes, terme issu de l’architecture militaire qui évoque un espace vide dans une place forte qui permet le rassemblement d’une petite troupe. Le sol est alors un révélateur historique à plus grande échelle. Un travail archéologique de fouilles des différentes strates qui le composent peut en dévoiler beaucoup sur un site et son rayonnement dans le territoire. La ville de Bourg-Saint-Maurice est une place militaire importante à l’échelle nationale qui fût insérée dans deux dessins de fortifications majeures de par sa proximité avec la frontière franco-Italienne :
_ Le système Séré de Rivière : un ensemble de forts polygonaux enterrés construits entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème.
_ La ligne Maginot (ligne Alpine) construite entre 1928 et 1940, caractérisée par un ensemble de petits bunkers disséminés dans nos montagnes.
Cet emplacement si particulier à l’échelle nationale a laissé à la ville de Bourg-Saint-Maurice ainsi qu’à l’ensemble de son territoire un patrimoine militaire considérable. Pourtant ce dernier semble mal aimé ou bien peut être mal compris. Il est pourtant porteur de réelles qualités architecturales qui sont d’ailleurs parfois la cause même de son oubli, comme les nombreuses casemates dissimulées dans les massifs rocheux.
Et si nous changions de regard sur l’architecture militaire ?
Interprétation
On parle d’une architecture vernaculaire comme d’une forme de construction propre à une région réalisée par les populations locales qui en ont une connaissance assidue. Ce rapport étroit entre l’homme et le milieu fait émerger une architecture qui s’insère dans le paysage et reflète son contexte.
Ce sont les mêmes qualités que nous retrouvons à travers un tout autre langage dans les archétypes militaires que nous avons cité en prélude. Certes, les enjeux sont différents mais nous retrouvons des propriétés architecturales qui témoignent d’une profonde connaissance du contexte de ces militaires-bâtisseurs. Dès lors n’est-il pas possible de considérer ces ouvrages d’art comme une forme de vernaculaire à part entière ?
Le vernaculaire Savoyard est illustré par le célèbre chalet des alpages et ses déclinaisons. Séduisant, il est l’image qui illustre l’architecture de Montagne, iconique à tel point qu’il prend parfois le dessus sur toute autres formes d’expressions.
Afin d’amorcer une ouverture vers un autre vernaculaire, le Réduit réalise une mise en scène où une expression très littérale, “avec pastiche”, de la forme emblématique de ces chalets qui contient une nouvelle interprétation du bunker alpin. Le chalet agit comme une enveloppe qui dissimule le cœur du projet, un décor de théâtre pour le réel protagoniste qu’est la casemate.
Découvrez le carnet de conception du projet