Foyî

Le Versoyen glisse avec rythme, l’eau déferle sans réflexion : le sillon jusqu’à l’Isère est déjà tout tracé. Sur la rive gauche, les résineux ne bougent pas d’un trait. Quelques feuillus s’y sont glissés, mais il y a de cela bien des années. Leurs bustes vieillissants se balancent très légèrement, un doux bruissement vient se mêler aux chants de l’eau. Quelques lueurs orangées attirent notre regard en lisière de forêt. Les plus aventuriers pensent à un abri. Les plus nostalgiques se rappellent les camps entre amis. Les plus rêveurs imaginent une sculpture de bois, refuge de tous leurs songes. Vat-elle s’envoler vers un autre univers ou bien rester ancrée pour l’éternité ?

Entre les premiers troncs s’élève un foyer. Foyî est un point de convergence, un lieu qui rassemble, un lieu qui réchauffe. Un lieu qui rappelle à tous une certaine origine.

De la forêt à l’eau, de l’eau à la forêt, des petits crépitements se font entendre, bruits de pas sur copeaux de bois.  Ne soyons pas impatients, prenons lentement place en son centre et découvrons ce qu’il a à nous dévoiler. Sous sa couverture de bois, toutes les légendes peuvent y être chuchotées, de celles qui font peur à celles qui narrent le passé. Foyî raconte à tous comment il est arrivé ici, comment ses bras se sont déployés dans la terre, redressant son corps au milieu des siens. Quelques lames d’air se glissent en son sein, repoussant avec grâce son ennemi juré : l’humidité. Témoin d’une autre époque, il prend ses racines dans le dessin du foyer de l’habitat Tarentais. Mais s’enraciner n’est pas s’enliser. De part une mise en œuvre différente, le matériau bois dialogue aussi avec le contemporain. Par ses symétries et son plan, il rend hommage à l’intemporel travail de Charlotte Perriand.

Foyî est un passeur, passeur du temps et de son Histoire, il indique au visiteur où il met les pieds tout en l’invitant à poursuivre son voyage au travers la forêt. 

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