Au croisement

De loin, je les vois arriver.
Sous un air intrigué, ils s’avancent.
Pour eux, mes bras sont ouverts,
les voilà qui s’invitent sous mon couvert découvert.

Dans mon chez moi, où rivière et montagne s’enlacent,
se dessine un  tableau théâtral dont personne ne se lasse.

Singulier.

Déployées, mes horizontales s’entrecroisent.
À travers mes fines verticales,
l’étendue de l’horizon omniprésent est à voir.

Filaire.

Je me faufile dans cette masse qui me sert de couvert.
Je m’approche, puis à la lisière avenante je touche.
Par la brise chatouillé,
discret je me fais au milieu de ces arbres élancés.

Dans cette contrée,
le temps presque suspendu s’impose.
Par des pas timides, ils s’invitent.
S’arrêter, contempler, méditer, respirer, se rencontrer.

Fier.

Mon squelette me porte et s’expose.
L’ombre de mes portiques rythment ma présence,
et jonglent avec les rayons perçant mes fentes.

Assis, allongés, adossés.
Leurs corps s’approprient mes formes.
Les postures se multiplient et animent mes plis.
Le silence est brisé.
Les chuchotements interrompus,
avec le murmure prolongé de l’eau se confondent.

Statique je suis.
Au milieu d’un tumulte de mouvements, je valse.
Mon héritage se reconnaît,
et mon identité renaît.

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