Stella Matutina

L’implantation de ce fort chargé d’histoire dans ce cadre naturel magnifique, fait de ce site un lieu unique. Lumière, ciel, calme, vues … tels sont les mots qui illustrent le cadre de cet ancien bastion de surveillance qui, dépourvu de nos jour de toute tension militaire, invite aujourd’hui une nouvelle structure à répondre aux besoins de ses nouveaux usagers.

Mais quels besoins et pour quels usagers ?
L’été, le randonneur fatigué y cherchera à s’asseoir pour contempler le paysage magnifique. Mais l’hiver, c’est plutôt un refuge que l’alpiniste égaré espérera trouver pour s’abriter d’une tempête de neige. En mi-saison, ce sera peut-être un berger qui sera heureux de pouvoir s’abriter du vent tout en surveillant son troupeau… A des besoins aussi variés, il faut trouver une solution unique : une structure d’une part la plus ouverte possible pour dégager un maximum de vues sur le paysage … mais en même temps la plus couverte possible pour assurer sa fonction protectrice. Puissant oxymore que ce paradoxe fonctionnel, qui a été le fil rouge de notre travail et que « Stella matutina » se propose de résoudre.

«Vernaculaire sans pastiche »
Nouveau paradoxe concernant cette fois-ci l’aspect esthétique de la structure à concevoir : comment réinterpréter … sans recopier ? Pour résoudre ce problème, il suffit de trouver le principe des solutions proposées par ces architectures traditionnelles répondant aux contraintes locales : toits pentus pour évacuer la neige, charpentes triangulées pour contreventer l’ossature bois … C’est la forme géométrique, ce principe-clef qui caractérise ce type d’architecture.

Pourtant, l’aspect extérieur n’est pas juste un résultat mathématique : la rugosité des poutres apparentes, l’irrégularité des tuiles de pierre plates … tous ces détails qui font le charme de ces petits chalets de montagne ne sont pas juste accidentels : ils découlent en effet d’une autre contrainte qui est l’emploi de la matière première de la façon la plus naturelle possible. Pas de pertes, pas de superflus : chaque détail décoratif trouve sa raison d’être dans le matériau utilisé dont il transcendent la nature, et accède ainsi à cette beauté architecturale dont il imprègne l’oeuvre qu’il compose.

C’est donc dans cette optique que Stella matutina va tenter de répondre au thème proposé, en étant à la fois régie par une géométrie savante et rigoureuse, tout en s’appuyant sur les contraintes de sections et de longueurs du matériau imposé.

La géométrie est donc le point de départ : que suggère le site ? Un chemin le long d’une ligne de crête, qui offre un point de vue sur la vallée sous-jacente qui s’étend au nord. Une ligne et un point, donc. Or qu’est-ce une ligne sinon deux points ? Deux plus un, trois : voici notre triangle de départ. Le triangle est la forme géométrique la plus simple et la plus parfaite. Il sera le module de base de notre étoile, Stella matutina, l’ultime espoir de l’homme perdu dans la nuit, attendant la Lumière dont elle est le reflet.